Les
bruits de l’agression
La
guerre est la frange d’un ouragan
où
tous les objets familiers s’envolent
emportés
par la violence du grand tourbillon.
Toutes
les voix s’y mêlent et s’y confondent
à
travers le tintamarre assourdissant
des
machines de guerre infernales.
On
y perçoit d’abord le bruit incrédule
des
colonnes alarmantes de chars blindés
qui
encerclent un peuple voisin fraternel.
Puis
vient le rythme saccadé du bruit des bottes
piétinant
la vie des frères et sœurs de naguère
qui
vivaient comme racines entremêlées.
Entendez
s’abattre sur les maisons et les habitants
des
pluies d’obus et de missiles incendiaires
pour
brûler au coeur toute idée de résistance.
Et
voyez dans les débris de la désolation
des
mains inertes, comme un dernier appel à l’aide,
des
corps déchiquetés, et même des oursons d’enfants.
Oh!
discernez-vous monter comme un drapeau
le
bruit fier des insoumis qui tiennent tête
pour
défendre leur droit de vivre libres ?
Percevez-vous,
suintant de partout, le bruit des moutons,
de
ceux qui capitulent pour un peu d’argent
et
de ceux qui s’accommodent pour beaucoup d’argent ?
Entendez-vous
gueuler les lâches qui ne feront rien,
qui
refusent de prendre partie pour l’humain
mais
qui ont l’art de manier les paroles vides ?
Et
reconnaissez-vous, par dessus tout, le bruit des roubles
qui
savent tresser la laisse de la soumission
garantissant
os de poulet, os de pigeon ?
Peut-on
voir dans le ciel le bruit des colombes,
dérangeantes
et tristes comme tourterelles,
réclamer
la paix dans ce désert métallique…
Distinguez-vous,
martelé en cascade, le bruit du passé
résonner
et imposer, dans la cruelle cacophonie,
son
refrain funèbre de recréer l'empire imaginaire ?
** Paul Lacasse, L'Horreur venait de l'Est, @ Droits 2022 **
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